Littérature et Publicité. De Balzac à Beigbeder
Laurence Guellec & Françoise Hache-Bisette (direction)
« La publicité est l’une des plus grandes catastrophes des deux mille dernières années pour ceux qui aiment la littérature », d’après Frédéric Beigbeder. Son roman, 99 francs, comme l’essai de Naomi Klein, No logo, contre la tyrannie des marques, ont redéfini dans les années 2000 les termes d’un conflit qui oppose, depuis le XIXe siècle, les défenseurs de la culture lettrée, classique, humaniste, aux puissantes industries culturelles et à leur « propagande ».
Mais la publicité hante la littérature autrement que sur un mode polémique. Des « cris » des vendeurs ambulants, dont les échos résonnent encore dans le roman proustien, aux personnages publicitaires (Bébé Cadum, bonhomme Bibendum, dames du papier à cigarette Job), la réclame a longtemps fasciné les écrivains. Balzac, Zola, Mallarmé, Desnos ont écrit sur les stratagèmes rhétoriques du slogan, les beautés de l’affiche, le grand barnum commercial. «Pilules PINK pour personnes pâles », ces allitérations d’un rédacteur anonyme ont enchanté Dada et les surréalistes tandis que Cendrars, en quête du lyrisme moderne, a osé dire : « Publicité = Poésie ».
Victor Hugo a associé sa signature à l’Encre Triple Noir, Jules Verne aux plumes portant son noms Edmond Rostand, Anatole France, au vin tonique Mariani, Colette, Paul Valéry ont fait l’éloge de « l’eau de Perrier », Cocteau a rimé des accroches pour les bas Kayzer…
En postface, un entretien inédit avec Frédéric Beigbeder.
Laurence GUELLEC est maître de conférences en littérature française à l’Université Paris Descartes, membre junior de l’Institut universitaire de France et chercheur dans l’équipe « Écritures de la modernité, littérature et sciences humaines ».
Françoise HACHE-BISSETTE est maître de conférences habilitée en sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris Descartes et chercheur au Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines.