LE TAUREAU ET LA FÊTE AU XIXe SIÈCLE EN LANGUEDOC
Alain Laborieux
Autour du poème «Una coursa de biôous» de Germain Encontre.
Cet ouvrage est construit autour d’un texte rare et essentiel à l’appréciation de la tradition bouvine dans la Camargue du XIXe siècle. Alain Laborieux présente ici le texte original en languedocien et sa traduction en français, en le replaçant dans son contexte historique et culturel, et en l’intégrant à une analyse documentée de la période charnière où la course camarguaise commence à se codifier et à subir des mesures répressives.
Publié pour la première fois en 1839, Una coursa de biôous est un témoignage authentique et teinté d’humour d’une tranche de vie paysanne vécue de l’intérieur. Germain Encontre, auteur du poème, est un érudit marsillarguois, républicain engagé, félibre et chantre de la culture occitane. Dans les quatre chants qui composent l’oeuvre, le poète livre un récit détaillant une journée de fête taurine à Marsillargues, depuis le départ des gardians à la manade jusqu’au retour des taureaux au marécage.
C’est sur ce texte, qui est l’un des premiers documents sur l’abrivado en Languedoc, que Laborieux appuie une partie de son travail de recherche et de réflexion. Dans la première partie de l’ouvrage, il explique le contexte politique et festif au lecteur en introduisant le poème et son auteur et en brossant la toile de fond : une époque d’instabilité où la réglementation naissante vise à endiguer les troubles de l’ordre public que peuvent parfois générer les fêtes taurines informelles. La deuxième partie est entièrement consacrée au poème, alliant, chose inédite, la version en languedocien et la traduction, avec une brève préface où Encontre fait le point sur l’orthographe de la langue d’oc, soucieux de rendre son ouvrage accessible au plus grand nombre. C’est dans la troisième partie que Laborieux développe l’essentiel de son travail de recherche sur les pratiques et traditions autour de la bouvine ; spectacle, musique, des petits drames aux bouffonneries en passant par les guerres de clocher, tout y passe et contribue à rendre cette promenade au temps du Taureau-Roi vivante et instructive, y compris la distinction entre la tradition camarguaise et la corrida espagnole, beaucoup plus sanglante. Cette étude constitue un apport essentiel à la connaissance des origines de la course carmarguaise.
Alain Laborieux est rédacteur en chef du journal de la Fédération Française de Course Camarguaise, et a publié plusieurs ouvrages sur les moeurs et mythes méridionaux